Vous rêvez de rencontrer Godefroy de Montmirail (en armure, potion magique en option) et de déambuler dans les pas de Jacqouille la Fripouille ? Avant de foncer bille en tête vers la Sarthe en quête du célèbre château, prenez garde : les secrets de tournage des Visiteurs sont bien plus tarabiscotés qu’il n’y paraît ! Petit tour de France des véritables châteaux cachés du film culte… avec un grain de folie, forcément.
Château de Montmirail : du cinéma à l’Histoire… et vice-versa
Sorti avec fracas (et quelques baffes bien senties) en 1993, Les Visiteurs met en scène le comte Godefroy de Montmirail, campé par Jean Reno, flanqué de son inénarrable écuyer Jacqouille la Fripouille (Christian Clavier). Un tandem déplacé de l’an 1112 à 1993 suite à une gorgée de potion magique… Le décor ? Un château médiéval, devenu véritable personnage du film et projeté sur grand écran comme le fief de la lignée Montmirail.
Mais pour les fins limiers de l’Histoire et du cinéma, le nom de Montmirail ne rime pas qu’avec blagues potaches ou séjours temporels imprévus : le véritable château de Montmirail existe bel et bien. Il trône dans la petite cité médiévale du même nom, nichée entre Le Mans et Chartres, à la croisée de l’Eure-et-Loir, du Loir-et-Cher et de la Sarthe. Édifiée dès le Ve siècle (merci les Romains d’avoir préparé le terrain), la cité surplombe aujourd’hui le Perche Sarthois à plus de 200 mètres d’altitude, offrant une vue digne des plus vaillants seigneurs. Le château, quant à lui, date du XVe siècle et s’est forgé une solide réputation historique :
- Henri II, roi d’Angleterre, y a séjourné
- L’archevêque de Canterbury et le roi de France Louis VII y ont laissé leurs traces
- Marie-Anne de Bourbon, princesse de Conti, fut également parmi les hôtes de marque
Le saviez-vous ? Ce monument est aujourd’hui classé, mais… point de Jacquouille sur la muraille lors du tournage !
La magie du cinéma : cap sur Carcassonne pour l’époque médiévale
Croyant se balader dans la Sarthe face au château originel ? Que nenni ! Pour les séquences moyenâgeuses du film, la production a élu domicile plus au sud : rendez-vous dans la mythique cité de Carcassonne, au cœur du château Comtal. Ce joyau, bâti au XIIe siècle sur la volonté des Trencavels, vicomtes locaux, s’est offert plusieurs vies, dont celle de prison (l’ambiance médiévale, c’est aussi rigolo pour une peine d’enfermement, paraît-il !). Aujourd’hui, il rayonne sous le label patrimoine mondial de l’humanité délivré par l’Unesco.
La scène (tragique, pour ne pas dire cruelle) où Godefroy fait une flèchette mémorable dans la tête de Fulbert de Pouille (Patrick Burgel), le papa de Frénégonde (Valérie Lermercier), s’est quant à elle déroulée dans la campagne alentour de Carcassonne. On s’y croirait, entre donjons et remparts, mais la Sarthe attendra pour les prises de vue !
Ermenonville, la surprise contemporaine
Changement d’époque, changement de décor. Pour toutes les scènes du château façon 1993 (autrement dit, lorsque nos héros découvrent les mystères du monde moderne et adoptent – ou pas – le téléphone filaire), c’est le château d’Ermenonville, dans l’Oise, qui joue les doublures de luxe. Si vous vous attendiez à un vaste dédale médiéval, détrompez-vous : la construction de ce château a commencé en 987, mais il ne prendra son apparence actuelle de « petite » maison de plaisance qu’à partir de 1783. Oui, il y a de la triche dans l’air, mais c’est la magie du cinéma.
Petit détour historique : en 1763, le marquis René Louis de Girardin hérite du domaine via son grand-père René Hatte, et en fait son royaume personnel. Inspiré par « La Nouvelle Héloïse » de Rousseau, il se lance dans la mutation des extérieurs marécageux, transformant les lieux en jardins à l’anglaise. Classe ultime… pour recevoir des visiteurs voyageurs dans le temps !
Conseil pratique pour apprentis voyageurs temporels
Avant de foncer lancé (ou de boire une potion au goût douteux), sachez : les châteaux des Visiteurs ne se résument pas à un seul lieu. Pour goûter à l’ambiance du film, il faudra sillonner la France, du Perche Sarthois à Carcassonne, en passant par l’Oise. Sauf apparition de Jacquouille au coin d’un donjon, n’oubliez jamais que la magie du cinéma est aussi dans l’art du mélange… et du déplacement !
