Le « syndrome de l’Inde » : quand un voyage bouleverse l’esprit, selon les spécialistes

Mike cnmt
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Vous rêvez d’un voyage transformateur, d’un dépaysement total, d’une quête spirituelle sous le soleil indien ? Prudence ! Certains voyageurs reviennent d’Inde chamboulés, l’esprit bousculé plus que les valises — la faute à un mal étrange que les spécialistes appellent le « syndrome de l’Inde ». Mais de quoi s’agit-il exactement ? Et comment l’Inde, par sa puissance de fascination, peut-elle bouleverser au point d’altérer la psyché ?

Naissance et exploration du « syndrome de l’Inde »

C’est le journaliste Harley Rustad, dans son livre Lost in the Valley of Death. A Story of Obsession and Danger in the Himalayas (Perdus dans la vallée de la mort. Une histoire d’obsession et de danger dans l’Himalaya, inédit en français), qui remet aujourd’hui ce phénomène au centre de la scène. Son ouvrage, récemment publié chez Harper Collins, s’attarde sur ce mystérieux trouble qui intrigue les psychologues et psychiatres depuis plusieurs décennies.

Le terme de « syndrome de l’Inde », on le doit à Régis Airault. Ce psychologue a longtemps travaillé au consulat français de Bombay, dès 1985. Il a consacré à ce sujet un livre de référence, Fous de l’Inde, paru en 2016, où il dissèque les mécanismes de ce dérèglement psychique peu ordinaire qui touche prioritairement les voyageurs occidentaux.

Un trouble bien distinct du simple choc culturel

Première certitude : il ne suffit pas de rester bouche bée devant la vache sacrée traversant la rue ou de froncer le nez dans un train bondé pour en être frappé ! Comme l’explique Airault, le « syndrome de l’Inde » ne doit pas être confondu avec le traditionnel choc culturel, ce qui rajoute une dimension dramatique à l’affaire.

  • Le choc culturel s’invite très tôt, dès les premiers jours dans le pays
  • Le syndrome de l’Inde, lui, met des semaines, parfois des mois à se manifester
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Les symptômes vont bien plus loin : le trouble prend racines dans une connexion intense au pays… ou un rejet tout aussi extrême. Le récit de Harley Rustad rapporte qu’il peut évoluer jusqu’à des épisodes psychotiques ou schizophréniques, bouleversant profondément l’individu qui, à force d’idéaliser l’Inde ou d’y chercher une révélation, se retrouve à remettre en cause ce qu’il croyait être. Certains, confrontés à la réalité, vivent même un vrai traumatisme si leurs attentes ne sont pas comblées.

Un phénomène mondial, ou presque

L’Inde n’a cependant pas le monopole de ce syndrome étrange. Selon Rustad, d’autres formes de « choc » existent ailleurs :

  • Certains touristes religieux à Jérusalem font l’expérience d’une psychose spontanée, se persuadant d’entendre Dieu ou de voir des saints
  • À Florence, l’exposition à la beauté et à l’art peut submerger physiquement et psychologiquement le visiteur

En bref, il y a des cousins au syndrome de l’Inde : partout où la culture, le mysticisme ou l’art débordent à ce point qu’ils percutent la psyché du touriste, souvent bien intentionné mais pas toujours préparé psychologiquement à l’impact — une sorte de mal du pays inversé, version superlatif.

Révélations… ou déceptions : pourquoi l’esprit vacille-t-il ?

Pourquoi l’Inde, plus qu’ailleurs, est-elle le théâtre de ces bouleversements radicaux ? Airault avance que l’origine du syndrome tient dans l’investissement psychique massif : nombre de personnes projettent des attentes immenses sur l’Inde, rêvent de métamorphose ou de révélation mystique.

Pour certains, cette promesse initiale devient une épreuve, car le pays — ni tout à fait rêve, ni tout à fait cauchemar — oblige à remettre en question jusqu’à son identité. Pour d’autres, l’Inde fonctionne comme un miroir aux attentes, et lorsque celles-ci se brisent, c’est la psyché tout entière qui vacille. Comme quoi, voyager loin, c’est aussi voyager en soi… parfois jusqu’au vertige.

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Alors, la prochaine fois que vous ferez vos valises pour une immersion dans le Gange ou les ruelles de Jaipur, souvenez-vous : l’aventure intérieure peut se révéler aussi déconcertante que le voyage en rickshaw. Et pour éviter la syncope spirituelle, gardez une bonne dose d’auto-dérision — et peut-être, le numéro d’un bon psy dans un coin des bagages, au cas où.

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