Pas la peine de rougir : la dernière fois que vous avez vu un hérisson, c’était peut-être sur une illustration de votre enfance ou, plus probablement, aplati sur une route de campagne… Pourtant, ces petits mammifères gourmands et pleins de piquants jouent un rôle clé dans la santé de nos écosystèmes. Mais leur survie est plus menacée que jamais, surtout à l’approche de l’hibernation. L’automne n’est pas que la saison des citrouilles : c’est surtout le dernier round pour donner un sacré coup de pouce à nos hérissons.
Un mammifère emblématique en danger : pourquoi s’en préoccuper maintenant ?
Il y a encore cinquante ans, personne n’aurait pensé voir le hérisson jouer les espèces vulnérables. Mais aujourd’hui, la dégringolade est bien là : la destruction de son habitat, les pesticides, le ballet incessant des voitures ou encore le dérèglement climatique ruinent sa longévité. À l’automne, ces dangers s’intensifient, et chaque hérisson croisé dans un jardin ou au détour d’un chemin mérite notre attention bienveillante.
L’automne, saison décisive (et piquante) pour les hérissons
Josianne Sauvage-Hanib, administratrice et bénévole à la LPO Bretagne, l’explique sans détour : le réchauffement climatique chamboule tous les repères. Résultat : des portées de bébés hérissons qui arrivent tardivement, parfois à l’automne. Ces petits-là ont moins de temps pour se constituer les bonnes réserves de graisse avant de plonger dans les bras (froids) de l’hibernation. Le risque ? Trouver des mamans affamées encore occupées à allaiter, et des petits pas assez dodus pour passer l’hiver.
Mais alors, comment reconnaître un hérisson en difficulté ? Facile : sortez votre balance de cuisine. S’il affiche moins de 700 grammes, le verdict est sans appel : il ne tiendra pas l’hiver. Placez-le dans un carton douillet, avec une bouillotte entourée d’un linge si possible, puis foncez demander conseil à une association.
SOS hérisson : gestes simples et bons réflexes
- Attention, noctambule en détresse : croiser un hérisson en pleine journée n’est jamais bon signe. Si c’est un bébé isolé, contactez immédiatement une association. Pour un adulte, vérifiez qu’il n’est pas blessé, qu’il se met bien en boule au moindre contact et qu’aucun œuf de mouche (ces petites bestioles sournoises qui se logent entre ses piquants) n’est présent. Si vous en voyez, retirez-les vite avec une brosse à dents et gardez votre petit protégé au chaud en attendant l’avis d’un professionnel.
- Le casse-croûte qu’ils adorent : avec le froid, les insectes se font rares. Rien ne vous empêche donc de placer dans votre jardin une gamelle d’eau peu profonde et, à l’automne, des croquettes pour chat ou chaton, idéalement au poulet (pas de pain ni lait, on n’est pas chez le hérisson-boulanger). Le top : une maisonnette en bois, agrémentée d’une chicane pour contrer chats et autres opportunistes.
- Le coin sauvage indispensable : nos tendances à tout tailler en automne mettent à mal les refuges naturels. Laissez un tas de feuilles mortes, un massif d’orties ou quelques branchages au pied d’une haie. Même une planche inclinée ou un vieux cabanon entrouvert peut servir d’abri.
- Pensez au passage à hérissons ! : Pour éviter qu’ils ne se retrouvent piégés, créez un trou de 13 cm sur 13 dans le grillage de votre jardin (et repliez bien les extrémités), ou procurez-vous un passage à hérissons tout fait.
Associations, hibernation et solidarité : tous solidaires du piquant
De mi-novembre à mars ou avril (selon la météo), le hérisson entre en hibernation. Son corps passe alors de 35 °C à 5 °C pour économiser au maximum ses forces. Mais après plusieurs mois de sommeil, jusqu’à 30 % de son poids s’envole ! D’où l’importance de reprendre les bonnes habitudes au printemps, en renouvelant opération croquettes et abris.
Rappel vraiment utile : il est formellement interdit de garder un hérisson chez soi pour le soigner. Dès que vous soupçonnez un problème, contactez un centre de soins pour faune sauvage. Voici quelques interlocuteurs précieux :
- Ligue de Protection des Oiseaux Bretagne : 06 52 88 20 32
- Boules épiques en Ille-et-Vilaine (formulaire de contact et conseils sur herisson.bzh)
- Pour une liste complète de centres de soins, direction la page Facebook d’Alliance Hérissons ou le site lesptitskipik.fr
En offrant refuge, nourriture et passages adaptés, chacun de nous peut faire la différence. Un geste simple, mais vital, pour ces petites boules de piquants qui, au fond, nous en apprennent tant sur la santé des écosystèmes. En somme, cet automne, levez le pied sur la tondeuse et sortez la gamelle : les hérissons comptent sur nous !
