Ni plastique ni méduse : la vélelle s’invite sur les plages de Loire-Atlantique
Promeneurs de la plage, ouvrez l’œil ! Ces jours-ci, à Bonne-Source (Pornichet), un spectacle aussi discret que saisissant attend les curieux. Non, ce n’est pas un énième dépôt de plastique échoué. Ni une invasion digne des films catastrophe. C’est la mystérieuse vélelle qui a choisi de tirer un brin de voile sur nos côtes. « Vé-lel-le », dites-vous ? Pas étonnant si ce nom ne vous évoque rien. Mais laissez-nous vous raconter l’aventure virevoltante de cet animal bleu électrique.
Un animal de passage, cousin éloigné de la méduse
Les plus chanceux n’en auront qu’un léger aperçu : la vélelle n’est pas du genre à s’éterniser sous les flashs des smartphones. À peine arrivée, la voilà déjà repartie, au rythme des marées. D’ailleurs, ce n’est pas l’intégralité de ce drôle d’animal que l’on aperçoit, mais avant tout sa voile translucide. Quant à son flotteur, cartilagineux et d’un bleu saisissant, il a l’élégance de rester à moitié caché. Le tout bien loin des célèbres « marées violettes » (et leurs odeurs peu engageantes), parfois aperçues du côté de Marseille.
Mais de quoi s’agit-il exactement ? La réponse est limpide pour Stéphane Auffret, directeur de l’Océarium du Croisic : « La vélelle est une cousine de la méduse ». Ces deux spécimens partagent la même grande famille, celle des cnidaires. Mais que les phobiques se rassurent : la vélelle n’a rien du monstre urticant qui gâche les baignades estivales. En réalité, elle est bien moins impressionnante… et bien moins dangereuse.
Plastique ou faune marine ? Bienvenue dans la confusion du promeneur !
Rien d’étonnant à ce que bien des passants y voient, au premier regard, un déchet humain. Il faut dire qu’en plus, ces derniers mois, la côte de Pornichet a été quelque peu gâtée par plusieurs vagues de billes blanches, elles, bien plastiques. D’où le message d’alerte posté par la commune sur les réseaux sociaux, pour couper court à la confusion : « Non, ce n’est pas du plastique. Ce sont des vélelles, organismes marins ne représentant pas de dangerosité particulière pour l’homme. » Voilà qui devrait rassurer les plus inquiets… et les moins perspicaces.
D’où viennent-elles et pourquoi maintenant ?
Toute la magie, ou plutôt le hasard, de la vélelle réside dans son mode de déplacement. Oubliez Google Maps et GPS : la nature se charge du voyage ! Portée par sa voile, la vélelle glisse au gré du vent et des courants. Le directeur de l’Océarium le résume avec un brin d’humour : « C’est la nature qui choisit la destination ».
- Pas de lien avec la température de l’eau : il ne s’agit donc pas, ici, de réchauffement climatique ;
- Un échouage soudain après une tempête ;
- Des milliers d’individus déposés sur le sable en une seule marée ;
- Un phénomène rare, mais en rien inédit sur nos rivages.
Si l’on croise moins souvent la vélelle que les crêpes lors de la Chandeleur, elle n’en reste pas moins un curieux spectacle quand Dame Nature décide d’en offrir une fournée généreuse.
Quant à savoir si la vélelle est une espèce invasive, là aussi, il faut nuancer. Pour Stéphane Auffret, il n’y a tout simplement « pas de confusion à avoir entre les espèces invasives et migratoires ». La vélelle n’est pas comparable à la crêpidule, ce mollusque arrivé en Loire-Atlantique en même temps que les Américains, et qui, lui, forme parfois des tas aussi impressionnants que déroutants pour les promeneurs.
Alors, lors de votre prochaine virée sur les plages de Loire-Atlantique, profitez du spectacle, et avant de ramasser ce qui semble être un bout de plastique, jetez un œil : il y a fort à parier qu’il s’agit tout simplement d’une vélelle, en escale imprévue. Un brin de poésie dans le grand désordre du bord de mer.
