Marcher dans certaines villes françaises, c’est encore un vrai parcours du combattant ! Même si quelques bons élèves sortent du lot, le deuxième baromètre national « Place aux piétons » dresse un constat plutôt mitigé : pour la plupart des Français, se déplacer à pied demeure un défi quotidien. Décryptage d’un état des lieux qui a de quoi donner des ampoules…
Un baromètre pour prendre la température des trottoirs
Le collectif « Place aux piétons » vient de publier son second baromètre des villes et villages « marchables ». Derrière cette appellation pourtant pleine d’espoir, se cache une enquête d’ampleur, basée sur les réponses de 70 000 participants. L’idée ? Offrir un outil collaboratif pour mesurer le ressenti des piétons, et l’améliorer. Résultat : 42 400 questionnaires analytiques, recueillis dans plus de 4 600 communes de toutes tailles, tirent un portrait franc du quotidien des marcheurs urbains et ruraux.
Si l’enquête se veut précise, elle n’a rien d’exhaustif. Elle offre cependant des repères solides sur la « marchabilité » de nos cités, villages et métropoles. Et visiblement, la route est encore longue avant d’atteindre le nirvana du piéton heureux.
Des notes qui font trébucher l’optimisme
Au jeu des moyennes nationales, la France ne brille pas franchement du côté des chaussures de marche : la note globale attribuée par les participants plafonne à 9,2/20. Autrement dit, la majorité des piétons restent insatisfaits des conditions de déplacement à pied. Le collectif met d’ailleurs les pieds dans le plat, soulignant un besoin évident de « mesures supplémentaires dans toutes les localités évaluées pour faciliter les déplacements à pied ».
Par rapport à la précédente édition du baromètre (2021), les attentes demeurent très élevées concernant :
- Les aménagements d’itinéraires piétons sécurisés
- La sécurisation (réelle, pas cosmétique) des trottoirs
- L’élimination du stationnement sauvage sur les espaces réservés aux piétons
La route de l’amélioration est donc semée d’embûches… et de voitures mal garées.
Bons et mauvais élèves : petit tour de France des villes « marchables »
Pour distinguer les communes, le baromètre a classé 236 d’entre elles dans le détail, leur attribuant une note allant de A+ (bravo, continuez !) à G (peut mieux faire… vraiment beaucoup mieux). Seules quatre communes parviennent à décrocher la très recherchée note A+ : Acigné (Ille-et-Vilaine), Coudekerque-Branche (Nord), Dainville (Pas-de-Calais) et Magny-les-Hameaux (Yvelines). D’un autre côté, Marseille (Bouches-du-Rhône) et Villejuif (Val-de-Marne) ferment la marche en recueillant la pire note possible.
Certains départements sortent tout de même leur épingle du jeu. En tête : l’Ille-et-Vilaine, avec pas moins de 18 villes et villages bien notés, dont Rennes, chef-lieu du département, qui récolte un « C » (plutôt positif comparé à la moyenne nationale). Fait notable : aucune commune recensée dans ce département n’obtient de moins qu’un « D ».
Côté régions, l’Île-de-France compte le plus de communes évaluées, mais attention, la majorité s’en sort avec de mauvaises notes (de D à G). En revanche, en Bretagne : sur les 33 communes notées, plus de la moitié se retrouvent dans les catégories « marchables » (A+ à C). Un vrai bol d’air breton ! À l’inverse, les habitants ayant répondu se montrent particulièrement critiques envers l’Occitanie, les Hauts-de-France, la Nouvelle-Aquitaine et le Grand-Est, où la plupart des notes sont franchement peu reluisantes.
Le ressenti des piétons : entre inconfort et conflits
Qu’est-ce qui pose vraiment problème au quotidien ? Le baromètre fait remonter plusieurs points noirs, souvent cités par les répondants :
- 70 % déplorent le manque d’aménagements pour garantir leur confort
- 69 % notent une absence de signalétique utile, vraiment adaptée aux déplacements à pied
- 58 % sont gênés par la circulation des véhicules motorisés
- 45 % pointent des conflits fréquents entre piétons et conducteurs
- 43 % mentionnent aussi des tensions avec les cyclistes, transformant parfois les trottoirs en terrain de cohabitation musclée
Bref, marcher est loin d’être une promenade de santé, même dans les centres urbains.
En conclusion, la « marchabilité » est encore à la traîne dans beaucoup de villes françaises. Si quelques lueurs d’espoir apparaissent sur le baromètre, il reste un immense chemin à parcourir pour que chaque citoyen puisse arpenter sa commune sans craindre ni obstacle, ni frayeur, ni bousculade. Alors la prochaine fois que vous pestez contre une voiture garée sur le trottoir… dites-vous que vous n’êtes clairement pas seul sur le trottoir du ras-le-bol !
