Coup de projecteur sur la plage de Sciotot, sacrée nouvelle coqueluche des Français, pendant que la Méditerranée, elle, tire la sonnette d’alarme pour ses espèces marines : contrastes saisissants entre cartes postales et signaux rouges pour nos océans !
Un concours, une couronne : Sciotot, la perle du Cotentin
C’était un choix difficile, façon dilemme cornélien : face à huit plages en compétition dans le cadre du concours “La plage préférée des Français”, lancé en septembre par la Fondation Surfrider, les votes ont départagé quelques joyaux du littoral. Boucan Canot (Saint-Paul, La Réunion), Sormiou (Marseille), Côte des Basques (Biarritz) et, bien sûr, Sciotot (Les Pieux, Manche) se sont affrontées en quarts de finale. Mais le suspense a culminé lors de la finale, opposant la plage normande à sa concurrente d’outre-mer. Verdict ? Une victoire écrasante de Sciotot, plébiscitée à 78 % par plus d’un millier d’internautes selon les résultats annoncés le 29 octobre 2025.
Sise entre le cap de Flamanville et celui du Rozel, Sciotot n’a pas volé son statut : “paradis des amateurs et amatrices de glisse dans le Cotentin”, site de baignade “authentique et préservé” avec son sable fin et ses marées XXL dépassant les 9 mètres. Pas étonnant que touristes et locaux la chérissent tout spécialement.
- Élue plage préférée des Français 2025
- Sable fin, marées spectaculaires
- Spot de glisse et lieu préservé
Cerise sur la vague, Sciotot bénéficiera bientôt d’une grande collecte citoyenne de déchets, orchestrée par les bénévoles de Surfrider – une fierté locale et un joli geste pour la planète, dont la date sera fixée avec la municipalité.
Méditerranée : sous le bleu, des scientifiques sur le qui-vive
Loin de se laisser distancer, la Méditerranée continue d’attirer regards et espoirs. Elle visera peut-être le titre l’an prochain ! En attendant, place à la vigilance scientifique et à la pédagogie. Après 40 jours de navigation lors de la « Mission Grèce 2025 », initiée par les Explorations de Monaco, le bilan est riche.
À bord du MODX 70-01, un catamaran hybride polyvalent – laboratoire, plateforme éducative, outil diplomatique, rien que ça – chercheurs, médiateurs et artistes ont parcouru la mer Égée. Quatre escales (Athènes, Alonissos, Volos et Syros) pour tisser des liens entre la science, la diplomatie environnementale et la sensibilisation du grand public. Au programme :
- Plus de 100 échantillons marins : plancton, sédiments, microplastiques…
- Déploiement de deux flotteurs “BGC Argo” mesurant en continu jusqu’à 2 000 m de profondeur
- Recensement de neuf espèces exotiques via le canal de Suez (projet EXOFISH-MED)
Le cycle « Missions Méditerranée » se poursuivra jusqu’en 2030. De quoi espérer garder un œil (et pas que) sur cet environnement fragile.
Le diable de mer, ambassadeur d’une urgence écologique
Tandis que les scientifiques arpentent la Méditerranée, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) lance une alerte : la raie Mobula mobular, aussi surnommée “raie à cornes” ou “diable de mer”, vient d’entrer officiellement dans la catégorie “en danger critique d’extinction” à l’échelle mondiale, dernière étape avant la disparition à l’état sauvage.
La raison ? En seulement sept ans, ses effectifs mondiaux se sont effondrés (détail sordide fourni par la Fondation de la Mer et l’association AILERONS, qui surveillent l’espèce via la photo-identification, le suivi satellitaire et des analyses génétiques). En France, la pêche du diable de mer est interdite, mais les accidents existent, et à l’échelle internationale, certaines pêches “ciblées et de grande envergure” font des ravages. Le signal est clair : cette “alerte rouge” trahit la santé vacillante de nos océans.
Avec ses 3,5 mètres d’envergure et sa capacité à plonger à 1 000 mètres (!) pour vivre en bandes pouvant atteindre quarante individus, Mobula mobular reste un animal majestueux. Mais il s’approche désormais du littoral, et de nombreux échouages sur les côtes françaises cet été ont affolé la communauté scientifique.
- Population divisée par deux pour raies, requins et chimères en 50 ans (Science, 2024)
- Un tiers de ces espèces menacées d’extinction (UICN, 2024)
Coraux en sursis et espoir du côté des chercheurs
Ce ne sont pas seulement les grands animaux qui trinquent. Comme le fameux diable de mer, le corail corne d’élan et le corail corne de cerf – toutes deux floridiennes – sont désormais jugés “fonctionnellement éteints” : leur nombre ne suffit plus à jouer leur rôle dans l’écosystème.
Les récifs ? Victimes des canicules marines et de l’acidification des océans. Institutes et associations tentent de recomposer ce puzzle vivant, avec un nouvel espoir : une étude australienne parue le 29 octobre (Royal Society Open Science) révèle que les coraux s’attachent au substrat grâce à un processus en trois phases : transformation des tissus, ancrage et formation du squelette. Bonne nouvelle, cet appendice, variable selon les espèces (Montipora mollis, Pocillopora verrucosa, Acropora millepora), expliquerait pourquoi certains coraux prospèrent davantage : un atout précieux pour restaurer les récifs plus efficacement.
Entre plages de rêve et naufrages écologiques, la mer nous lance une invitation : profitons de ses trésors, mais ne fermons pas les yeux sur ses fragilités. À Sciotot comme ailleurs, chaque geste compte, de la promenade au ramassage des déchets. Le plus beau des titres ? Celui de citoyens engagés. Alors, on s’y met tous ?
