« Un printemps meurtrier » pour les hérissons : pourquoi nos jardins sont devenus des pièges mortels

Mike cnmt
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Un printemps meurtrier pour les hérissons : pourquoi nos jardins sont devenus des pièges mortels

Chaque année, avec le retour des beaux jours, les hérissons sortent prudemment le bout de leur museau, pensant savourer limaces et insectes. Manque de chance : les tondeuses, débroussailleuses et autres outils de jardin sont également de sortie. Un choc des saisons qui tourne bien souvent au drame. Josianne Sauvage-Hanib, bénévole à la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) Bretagne, ne cache pas son inquiétude : depuis un mois, « il pleut des hérissons blessés », victimes du nécessaire mais fatal rafraîchissement de nos pelouses.

Massacre printanier et blessures fatales

Sous le soleil du printemps, difficile de croire combien nos jardins se transforment en véritables champs de bataille pour ces petits mammifères. Scalpés par la tondeuse, mutilés par la débroussailleuse, brûlés lors d’un feu de végétaux : tel est le sort tragique d’une partie de ces hérissons qui sortent à peine d’hibernation. Les blessures sont extrêmement douloureuses. De plus, « il est difficile de les soigner, car on ne peut pas recoudre de grandes parties de peau manquante, ni des museaux tranchés. » Dramatique, non ? Pourtant, quelques gestes simples suffiraient à éviter la majorité de ces accidents.

La (violente) métamorphose de nos jardins

Pourquoi tant de hérissons dans nos potagers urbains et autres espaces verts ? Selon Josianne Sauvage-Hanib, la suppression des haies et l’abus de pesticides en campagne contraignent les hérissons à se réfugier de plus en plus en ville. Tas de feuilles, amas de bois ou litière sous une haie deviennent des refuges improvisés. Mais attention, avant de lancer la tondeuse ou la débroussailleuse, inspectez soigneusement. Les hérissons, ralenties après six mois d’hibernation, sont bien groggy et se réveillent, pour certains, seulement en avril.

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Alors, comment les protéger concrètement chez soi ?

  • Attendre la fin du mois d’avril pour débroussailler, tondre ou brûler un tas de végétaux.
  • Laisser une bande de végétation intacte sur les bords du terrain.
  • Proscrire la tondeuse robot la nuit, car c’est le moment préféré des hérissons pour se balader.
  • Éviter de sortir le coupe-bordure trop tôt (ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle le serial hacheur !).

Si malgré tout, l’envie vous prend de brûler ce bon vieux tas de feuilles oublié, prudence absolue : un hérisson (ou une famille entière) y a peut-être établi son doux nid. Il vaut mieux vérifier à la main plutôt qu’à la fourche. Et si vous trouvez une portée, placez mère et petits dans un carton percé et contactez une association.

Pesticides, piscines : des menaces invisibles mais bien réelles

L’homme, dans sa croisade contre les limaces, fait des victimes collatérales. Près de 25 % des hérissons meurent chaque année intoxiqués par les pesticides, notamment ces fameuses granules bleues anti-limaces. Acceptez donc de sacrifier quelques salades au profit de la biodiversité (au fait, le met préféré des hérissons, c’est la limace !).

Mais les dangers ne s’arrêtent pas là. Entre 15 et 20 % des hérissons sont tués par les débroussailleuses, brûlés dans les feuilles ou encore noyés. En cause ? Les piscines découvertes. Il faut donc :

  • Couvrir les piscines ou installer une planche rugueuse en diagonale sur les escaliers pour leur permettre de remonter (oui, ils savent nager, mais pas rebondir sur les parois !).
  • Grillager les « regards » (ces petits bacs de récupération d’eau de gouttière) qui deviennent de véritables pièges.
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La route représente également une menace mortelle : un quart des hérissons finit écrasé sur les routes de campagne, surtout la nuit, période où ils sont actifs. Si jamais vous apercevez un hérisson en plein jour, il est probablement malade ou blessé.

Toutes ces causes réunies ont drastiquement réduit leur espérance de vie, passée de dix ans à… à peine deux ans.

Nos petits gestes pour des hérissons heureux

Adopter un hérisson chez soi ? Mauvaise idée, c’est interdit sans autorisation, et surtout très difficile. D’ailleurs, évitez-leur le pain ou le lait (toxiques !). Si vous devez venir en aide à un hérisson en détresse avant le centre de soins, prévoyez eau et croquettes à chat au poulet (jamais au poisson !).

Vous voulez vraiment les aider ? Voici quelques gestes utiles et responsables :

  • Laisser à disposition une gamelle d’eau peu profonde, surtout au printemps et en été.
  • Créer de petits passages de 12 cm sur 12 dans les grillages, pour qu’ils circulent chez vous comme chez les voisins.
  • Reporter la taille des haies afin de ne pas détruire les nids d’oiseaux qui peuvent s’y loger jusqu’à la mi-juillet. Un nid détruit, ce sont aussi des petits exposés aux prédateurs.

En somme, la meilleure manière pour avoir un jardin vivant… c’est parfois de ne rien faire du tout ! Lâchez le rotofil, laissez un peu de désordre, et observez la magie du printemps sans (trop) de drame côté animaux. Les hérissons vous remercieront à leur façon – souvent discrètement, la nuit !

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