Imaginez un lieu où le bruit le plus assourdissant est le chant du vent dans le maquis, où la notion de porte n’existe pas, et où le temps s’écoule au rythme des saisons, loin du tumulte du « monde des fous ». Bienvenue dans le quotidien de Jo, 77 ans, qui vit depuis plus de dix ans seul au bord de l’une des plus belles plages de Corse. La solitude ? Pour lui, elle ne pèse pas. Au contraire, elle porte, allège, donne sens et paysage. Récit d’une aventure humaine à l’écart, mais jamais sans partage.
Un coin de paradis au bout du désert des Agriates
Jo, c’est l’original qui a posé ses valises au bout du désert des Agriates, dans ce maquis corse où les routes ne mènent qu’aux têtes dures… et aux poètes. Depuis sa cabane, au bord de la magnifique plage de Loto, il observe la mer, cultive son jardin, chasse, pêche et savoure la vue de son « salon d’été ». Car Jo ne s’en lasse jamais : « Je vais te montrer la vue qu’on a là, je vais te montrer mon salon d’été. Viens. Regarde-moi cette vue, toi ! Magnifique. Je m’en lasse pas, moi, tu vois, de ça. Jamais, jamais… Je ne me lasserai jamais. »
Son quotidien ? Une simplicité revendiquée, presque autarcique, mais toujours hospitalière. Dans son potager, il cultive fèves, artichauts, courgettes et quelques pieds de vignes pour son vin maison. Il n’a pas délaissé la technologie pour autant : son congélateur fonctionne à l’énergie solaire, stockant le fruit de sa pêche et de sa chasse.
- Le jardin pour croquer la vie locale
- La mer pour s’évader et se ressourcer
- Un congélateur solaire, parce qu’en Corse aussi, on aime les innovations pratiques
Pas sauvage, mais libre comme l’air
Loin de vivre en ermite bourru, Jo aime la fête et la compagnie, surtout l’été. Il l’assure volontiers : « J’aime avoir du monde l’été. Bon, j’aime la fête, je ne suis pas un sauvage, bien loin de là, hein. » Chez Jo, il n’y a pas de porte. Ceux qui viennent sont les bienvenus, et son plaisir n’est pas de recevoir des mercis, mais de sentir ses visiteurs repartir heureux : « L’essentiel, c’est que quand ils partent, ce n’est pas qu’ils me disent merci, mais qu’ils soient contents. »
Pourtant, Jo ne fait pas mystère de ses petites escapades annuelles dans le « monde des fous » : une seule fois par an, il quitte ses terres pour passer les fêtes auprès de ses enfants et de sa petite-fille. Le reste du temps, il s’offre le luxe – rare – de la liberté totale. Pas vraiment coupé du monde d’ailleurs, puisqu’il annonce fièrement être « sur les réseaux sociaux », et disposer du câble. Comme quoi, même au bout du bout, la modernité a trouvé sa place !
La solitude, douce compagne
« Mais comment tu fais l’hiver ? La solitude, elle te pèse pas trop ? » La question, Jo l’entend sans cesse. Sa réponse, toujours égale à elle-même : « Tu rigoles ou quoi? La solitude, elle me pèse pas du tout. Pas du tout, pas du tout. Je me régale. » Les longs hivers ? Il préfère penser aux belles journées d’été. Il a compris que ce choix de vie n’est pas pour tout le monde. Lorsque des jeunes rêveurs lui expriment leur envie de rompre avec le « monde des fous », il les tempère avec sagesse : « Pas encore, il n’est pas temps pour vous de quitter le monde des fous. »
Liberté et discrétion : un équilibre précaire
De sa terrasse baignée de soleil, avec pour horizon le golfe de Saint-Florent, Jo n’a pas seulement admiré le paysage : il a aussi pris le temps de méditer sur la vie. Il en a tiré des conclusions lumineuses : « Comme je te dis, la liberté, c’est ne plus avoir de contraintes, ne plus avoir d’obligations, ne pas avoir à rendre compte à qui que ce soit. »
L’ironie de l’histoire ? Le succès de la vidéo réalisée sur son mode de vie a attiré une multitude de curieux. Un comble pour celui qui avait pourtant tout fait pour s’extraire de la masse ! La tranquillité, parfois, demande à être défendue jusque sur son île.
Conclusion
La vie de Jo interpelle et fait rêver, mais elle est aussi le fruit d’une longue maturation et d’un choix lucide. Son enseignement est simple : la liberté se construit bien loin du désir d’être seul contre tous, mais juste assez à l’écart pour goûter le sel du monde. Et si l’idée vous vient de tout quitter, demandez-vous simplement s’il est déjà temps de sortir du « monde des fous ». Jo, lui, a trouvé son équilibre. À chacun de trouver le sien.
